Esa, chant propriatoire de chasse Toute activité cynégétique comporte des pratiques magico-rituelles. Habileté, bravoure et savoir éthologique ne suffisent pas pour assurer le succès d'une chasse. L'intervention des hommes auprès du monde surnaturel, l'obtention de la bienveillance des forces qui l'animent et qui contrôlent les richesses de la forêt sont en effet impérieuses pour la réussite d'une expédition. L'évocation des esprits des morts, è.sà, est un grand rituel propitiatoire et divinatoire qui a lieu à la suite d'échecs répétés à la chasse. Pour rétablir l'harmonie avec la forêt, les hommes demandent au devin (ngàngà) d'intercéder auprès des mânes et de les convier au campement afin de leur faire part de leur désarroi et de sol!iciter leur aide. La nuit tombée, le devin pénètre en forêt pour appeler les esprits qui gagnent le campement sous l'apparence de costumes de feuillages portés par ses assistants. Les esprits viennent danser accroupis et en un balancement rythmique, bras et jambes en appui d'un côté sur l'autre, autour des sagaies infructueuses. Le devin les accompagne en dansant et en mimant des actions de chasse. Assurant également la fonction de meneur du chant (konzà-Jémbo), il entonne les chants destinés à soutenir la danse et auxquels tous participent: assistants, chasseurs et mânes eux-mêmes dont la voix Ouette n'est cependant audible que du seul devin. Ces chants opposent l'infortune des chasseurs et la pénurie de viande au succès des futures tentatives et à la profusion de nourriture grâce à l'intervention des esprits. Ceux-ci communiquent au devin, qui à son tour les transmet à l'assistance, conseils et informations à propos du déroulement des prochaines chasses: lieux à prospecter, dangers prévisibles, gibiers qui seront rencontrés, etc. Le rituel s'achève avec l'allumage des feux (évocation de la cuisson de la viande) dont la lumière fait fuir les esprits dans la forêt.
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Toute activité cynégétique comporte des pratiques magico-rituelles. Habileté, bravoure et savoir éthologique ne suffisent pas pour assurer le succès d'une chasse. L'intervention des hommes auprès du monde surnaturel, l'obtention de la bienveillance des forces qui l'animent et qui contrôlent les richesses de la forêt sont en effet impérieuses pour la réussite d'une expédition. L'évocation des esprits des morts, è.sà, est un grand rituel propitiatoire et divinatoire qui a lieu à la suite d'échecs répétés à la chasse. Pour rétablir l'harmonie avec la forêt, les hommes demandent au devin (ngàngà) d'intercéder auprès des mânes et de les convier au campement afin de leur faire part de leur désarroi et de sol!iciter leur aide. La nuit tombée, le devin pénètre en forêt pour appeler les esprits qui gagnent le campement sous l'apparence de costumes de feuillages portés par ses assistants. Les esprits viennent danser accroupis et en un balancement rythmique, bras et jambes en appui d'un côté sur l'autre, autour des sagaies infructueuses. Le devin les accompagne en dansant et en mimant des actions de chasse. Assurant également la fonction de meneur du chant (konzà-Jémbo), il entonne les chants destinés à soutenir la danse et auxquels tous participent: assistants, chasseurs et mânes eux-mêmes dont la voix Ouette n'est cependant audible que du seul devin. Ces chants opposent l'infortune des chasseurs et la pénurie de viande au succès des futures tentatives et à la profusion de nourriture grâce à l'intervention des esprits. Ceux-ci communiquent au devin, qui à son tour les transmet à l'assistance, conseils et informations à propos du déroulement des prochaines chasses: lieux à prospecter, dangers prévisibles, gibiers qui seront rencontrés, etc. Le rituel s'achève avec l'allumage des feux (évocation de la cuisson de la viande) dont la lumière fait fuir les esprits dans la forêt.
Les enregistrements présentés ici proviennent de la région de Mongoumba (bassin de la Lobaye - République Centrafricaine). Leur recueil par H. Guillaume et B. Surugue, chercheurs à I'ORSTOM, a été effectué au cours de missions menées en 1975 et 1979 dans le cadre de I'ORSTOM et du Laboratoire Propre 3-121 (LACITO) du CNRS.