Vinyle IRD / Plage sonore

IRD_070710

Tradition orale

Mode karr

Mode KARR / sentiment modal : Joie, religion, enfance
Ahmed well Dandanni dans la voie noire

Abmed well Dandanni est le type même des musiciens traditionnels qui ont conservé intact l'art savant des anciens griots. Il vit dans le campement émiral des Machdüf, tribu dominante de l’est mauritanien. Se déplaçant peu, à l'époque où je l'ai rencontré (1967), il n'avait jamais été enregistré par la radio et il était donc peu connu en dehors de sa région d'origine.
Il m'avait été recommandé comme un musicien parfaitement au fait de tous les aspects de la musique traditionnelle, tant pour la précision et la clarté de son jeu instrumental que pour le «classicisme» de son exécution vocale. Comme tous les musiciens de l'est, il contraste peu la noirceur et la blancheur des modes. Au cours de la leçon qu'il m'a donnée sous sa tente, well Dandanni a joué pour moi la suite complète des sous-modes de la voie noire. Il m'a paru intéressant de la conserver en totalité, bien qu'il n'ait pas été possible de garder tous les morceaux joués à l'intérieur de chaque sous-mode.

01/01/1967

AFRIQUE ; Afrique de l'Ouest ; Mauritanie

© Production ORSTOM - SELAF (Société d'Etude Linguistiques et Anthropologique de France)

N° bande : 1 / N° plage : D1-A1

Griot

Enregistrements effectués en 1967 dans le cadre d'une mission du C.N.R.S.
Enregistrements, photographies et texte: Michel GUIGNARD
Commentaires des poèmes avec l'assistance de son excellence DEY ould BRAHIM

Les griots jouent de deux instruments principaux, le luth (tidïnï!) pour les hommes et la harpe (ardin) pour les femmes. Le Jbel, une grosse timbale, est utilisé uniquement dans certains morceaux en contre-point rythmique. La tidïnït est un luth à quatre cordes d'un type très répandu dans tout le Soudan; la table d'harmonie est constituée d'une peau, le manche est lisse, deux cordes sont longues et servent plutôt à jouer la mélodie alors que les deux autres sont courtes, et sont accordées sur certaines notes caractéristiques des modes, très utilisées en accompagnement. La harpe est d'un type très original que l'on ne retrouve à ma connaissance nulle part ailleurs en Afrique: la table d'harmonie est aussi en peau et les cordes sont au nombre d'une douzaine; cet instrument ne permet pas d'effectuer tous les ornements et traits spécifiques du luth de sorte que certaines distinctions, notamment celles de«voies» y sont inexistantes.
Le luth apparaît donc comme l'instrument savant par excellence.
Les griots distinguent cinq modes principaux qui peuvent être joués dans trois «voies» distinctes :
- la voie noire, où la tonique est généralement la note la plus grave de l'ambitus instrumental,
- la voie gnaydiya, qui en est une variante peu jouée,
- la voie blanche, plagale de la voie noire, où la tonique est située au milieu de l'ambitus instrumental.
Quelle que soit la voie dans laquelle on les joue, les modes se divisent en sous-modes noirs, considérés comme plus tendus et en sous-modes blancs considérés comme plus doux et plaisants.
Ajoutons que chaque mode évoque un sentiment modal (ethos) particulier et qu'il est associé à certains mètres poétiques. Sur ces derniers points, il est clair que la société maure s'est inspirée directement des théories gréco-arabes auxquelles elle a sans doute emprunté la notion même de classification modale. Il ne faudrait pas en conclure à une influence exclusive de la musique arabe sur la musique maure: si la technique vocale, qui est d'ailleurs d'une grande originalité, semble plutôt d'inspiration arabe-berbère, la technique du luth a été empruntée, d'après les Maures eux-mêmes, aux griots soudanais.

Harpe ardin ; Harpe de Mennina ; Luth de Saymali ; Luth tidinit ; Tbel